Encore
un Woody Allen pourrait on se dire. Certes, je ne prétendrais pas
être un spécialiste de l'oeuvre du cinéaste new-yorkais mais on
peut dire qu'il a su produire à la fois des films de qualité et
d'autres bien trop superficiels (Midnight in Paris notamment). Peut
il encore se renouveler après quatre décennies de carrière ?
Ce
film (Blue Jasmine ) n'est
pas novateur, ce n'est ni plus ni moins que du Woody Allen avec cette
patte si particulière, les mêmes manies. L'histoire est certes
simple et largement rebattue. Elle montre le parcours fort différent
de deux sœurs (adoptées), l'une, Jasmine (Cate Blanchett), s'étant
mariée à un parvenu enrichi frauduleusement (Alec Baldwin) et
l'autre Ginger, une prolétaire vivant chichement. Le divorce, la
dépression nerveuse et l'envie d'un nouveau départ de la première
la poussera à déménager chez sa sœur à San Francisco.
Comme
à l'accoutumée chez Allen, friand de comédies légères mais
sociales, le cocasse est omniprésent par le biais de la folie
figurée ici par des longs monologues de la part de Jasmine.
L'intérêt de ce film est triple, d'une part proposer une réfléxion
sur la notion de bonheur à travers des flashbacks représentants les
deux parcours de vie. D 'autre part, Allen livre un portrait croisé
savoureux de la bourgeoisie d'affaire de la côte est (la référence
à Madoff est d'ailleurs assez explicite) et le prolétariat de San
Franscisco, certes moins aisée mais plus cool.
Enfin, Allen réalise la prouesse de réunir un casting efficace, non
pas tant pour les premiers rôles (Cate Blanchett et Alec Baldwin en
tête) mais pour les seconds où la filière HBO s'illustre
merveilleusement bien à travers l'inimitable Bobby Cannavale (Alonzo
Torquemada dans Oz, Bobby
Caffey dans New-york 911 et
plus récemment l'inquiétant Gyp Rosetti dans Broadwalk
Empire). A ce propos, une
certaine discussion sur la corde et la strangulation peut faire
office de running-gag quant à son dernier rôle dans la série de
Terrence Winter. Le casting est complété par Max Casella (Benny
Fazio dans Les Soprano),
en amoureux éconduit ou encore Michael Stuhlbarg (Arnold Rohstein,
célèbre gangster juif dans Broadwalk Empire)
dans le rôle d'un dentiste quelque peu entreprenant et envahissant.
Enfin, nous conclurons ce papier en notant la présence et la
prestation étonnant d'un illustre inconnu en France, Andrew Dice
Clay (aperçu dans la série Entourage),
comédien et humoriste plus que controversé aux États-Unis qui joue
à la perfection l'ex-mari sans le sou de Ginger, oublié du rêve
américain et victime crédule de malversations financières.
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