vendredi 29 novembre 2013

Metro 2033. Dmitry Glukhovsky.


À travers Metro 2033, Dmitry Glukhovsky réussit le tour de force de proposer un récit post-apocalyptique qui soit de qualité ce qui n'est pas nécessairement de coutume dans ce registre particulier de la littérature de science-fiction. Ce livre de 631 pages jouit d'un style limpide, léger qui rend la lecture agréable et rapide. L'idée originale est assez simple. Une guerre (supposément la Guerre Froide, même si ce n'est pas explicitement énoncée) a ravagé la surface de la terre qui est devenu inhabitable du fait des radiations. Les rares survivants se sont réfugiés au coeur du métro moscovite où ils se sont organisés autour des stations. Notre jeune protagoniste, Artyom, est né à la surface et vit maintenant dans la station VDNKh, un foyer de peuplement mineur (quelque 200 âmes) et qui tire sa prospérité de la culture des champignons.
La vie dans le métro est spartiate et ne tient qu'à un fil ainsi que peut le constater le lecteur en suivant les pérégrinations d'Artyom. Les rats, les radiations, les inondations, éboulements, incendies, attaques de brigands et la guerre entre les différentes stations sont autant de dangers mortels. C'est là d'ailleurs la force du récit de Glukhovsky, proposer un récit simple qui s'imbrique parfaitement dans un univers plus complexe, reflet à peine déformé de notre société. En effet, le métro accueille en son sein à la fois les néo-nazis du IV Reich, des communistes (Trotkystes et marxistes-léninistes), une fédération capitaliste (La Hanse dont l'analogie historique est évidente) mais aussi des membres de secte, des anarchistes et bien d'autres encore. Toutefois, un péril bien plus grave menace la survie des habitants du Métro qui ne sont plus qu'un maillon quelconque de la chaine alimentaire. Un Homo Novus surnommés les Noirs rôdent dans les tunnels, s'attaquent aux avants postes des stations et frappent de folie les rares survivants. C'est d'ailleurs cette menace qui jettera le jeune Artyom à travers les sombres voies du Metropolitain moscovite où il ne cessera de tomber de Charybde en scylla. Le jeune protagoniste n'étant jamais sorti auparavant de sa station natale, il est comparable à un Candide à la découverte du monde ce qui permet à Glukhovsky de présenter l'univers de Metro 2033 progressivement sans être dans l'excès didactique.
Au niveau des influences et s'inscrivant dans le registre post-apocalyptique, on pense d'emblée à Mad max où l'on retrouve la même improvisation au niveau du matériel, la même obsession par rapport aux armes et une analogie intéressante dans la recherche de l'essence (dans le film) et des balles (dans le livre). L'univers, le Metro où se concentre une poignée d'êtres humains incapables de remonter à la surface, rappelle bien sûr l'excellent film de Terry Gilliam, l'armée des douze singes. Enfin, au rayon des jeux vidéos, Metro 2033 présente des similitudes fortes avec Fallout et surtout avec Dark Earth où l'on retrouve l'idée d'enclave humaine au milieu de territoires hantés par des mutants. D'ailleurs, pour l'anecdote; Glukhovsky ne connut le succès littéraire qu'à partir de 2010 (soit cinq ans après sa publication) avec l'adaptation de son œuvre en jeu vidéo. Le livre s'est écoulé à 500 000 exemplaires en Russie, est traduit dans vingt langues et bénéficie de bonnes critiques. Le jeu vidéo pour sa part apparait être de bonne facture et retranscrit d'une manière très réaliste la vie dans les différentes stations ainsi que les quelques excursions à la surface. (De nombreuses vidéos sont disponibles sur Youtube).
Metro 2033 est incontestablement un bon libre pour tout amateur de science fiction post-apocalyptique, qui de surcroit offre une réflexion intéressante sur le quasi anéantissement de l'espèce humaine, sur la résignation lucide de la plupart des habitants du métro quant à la survie de l'Humanité. Enfin, l'auteur insiste sur l'obstination des moscovites à recréer la société d'antan au sein même du Métropolitain. L'humain incapable d'apprendre de ses erreurs semble donc condamné à disparaitre au profit de l'homo novus avec qui cohabitation et communication est impossible comme on le découvrira au fur et à mesure du livre.
Du côté des bonnes nouvelles, le lecteur de Metro 2033 n'est pas orphelin dans la mesure où Metro 2034 (original oui!) a été publié en France en 2011. D'autre part, l'univers a fait des émules puisque 32 fictions ont été publié par plusieurs auteurs, deux recueils de nouvelles ont vu le jour et Britannia 2033 écrit part Grant McMaster est désormais disponible. Enfin, les droits pour une adaptation cinématographique ont été acquis par les studios MGM, affaire à suivre donc!   



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