À travers Metro 2033, Dmitry
Glukhovsky réussit le tour de force de proposer un récit
post-apocalyptique qui soit de qualité ce qui n'est pas
nécessairement de coutume dans ce registre particulier de la
littérature de science-fiction. Ce livre de 631 pages jouit d'un
style limpide, léger qui rend la lecture agréable et rapide. L'idée
originale est assez simple. Une guerre (supposément la Guerre
Froide, même si ce n'est pas explicitement énoncée) a ravagé la
surface de la terre qui est devenu inhabitable du fait des
radiations. Les rares survivants se sont réfugiés au coeur du métro
moscovite où ils se sont organisés autour des stations. Notre jeune
protagoniste, Artyom, est né à la surface et vit maintenant dans la
station VDNKh, un foyer de peuplement mineur (quelque 200 âmes) et
qui tire sa prospérité de la culture des champignons.
La vie dans
le métro est spartiate et ne tient qu'à un fil ainsi que peut le
constater le lecteur en suivant les pérégrinations d'Artyom. Les
rats, les radiations, les inondations, éboulements, incendies,
attaques de brigands et la guerre entre les différentes stations
sont autant de dangers mortels. C'est là d'ailleurs la force du
récit de Glukhovsky, proposer un récit simple qui s'imbrique
parfaitement dans un univers plus complexe, reflet à peine déformé
de notre société. En effet, le métro accueille en son sein à la
fois les néo-nazis du IV Reich, des communistes (Trotkystes et
marxistes-léninistes), une fédération capitaliste (La Hanse dont
l'analogie historique est évidente) mais aussi des membres de secte,
des anarchistes et bien d'autres encore. Toutefois, un péril bien
plus grave menace la survie des habitants du Métro qui ne sont plus
qu'un maillon quelconque de la chaine alimentaire. Un Homo Novus
surnommés les Noirs rôdent dans les tunnels, s'attaquent
aux avants postes des stations et frappent de folie les rares
survivants. C'est d'ailleurs cette menace qui jettera le jeune Artyom
à travers les sombres voies du Metropolitain moscovite où il ne
cessera de tomber de Charybde en scylla. Le jeune protagoniste
n'étant jamais sorti auparavant de sa station natale, il est
comparable à un Candide à la découverte du monde ce qui
permet à Glukhovsky de présenter l'univers de Metro 2033
progressivement sans être dans l'excès didactique.
Au niveau des influences et
s'inscrivant dans le registre post-apocalyptique, on pense d'emblée
à Mad max où l'on retrouve la même improvisation au niveau
du matériel, la même obsession par rapport aux armes et une
analogie intéressante dans la recherche de l'essence (dans le film)
et des balles (dans le livre). L'univers, le Metro où se concentre
une poignée d'êtres humains incapables de remonter à la surface,
rappelle bien sûr l'excellent film de Terry Gilliam, l'armée des
douze singes. Enfin, au rayon des jeux vidéos, Metro 2033
présente des similitudes fortes avec Fallout et surtout avec
Dark Earth où l'on retrouve l'idée d'enclave humaine au
milieu de territoires hantés par des mutants. D'ailleurs, pour
l'anecdote; Glukhovsky ne connut le succès littéraire qu'à partir
de 2010 (soit cinq ans après sa publication) avec l'adaptation de
son œuvre en jeu vidéo. Le livre s'est écoulé à 500 000
exemplaires en Russie, est traduit dans vingt langues et bénéficie
de bonnes critiques. Le jeu vidéo pour sa part apparait être de
bonne facture et retranscrit d'une manière très réaliste la vie
dans les différentes stations ainsi que les quelques excursions à
la surface. (De nombreuses vidéos sont disponibles sur Youtube).
Metro 2033 est incontestablement un bon
libre pour tout amateur de science fiction post-apocalyptique, qui de
surcroit offre une réflexion intéressante sur le quasi
anéantissement de l'espèce humaine, sur la résignation lucide de
la plupart des habitants du métro quant à la survie de l'Humanité.
Enfin, l'auteur insiste sur l'obstination des moscovites à recréer
la société d'antan au sein même du Métropolitain. L'humain
incapable d'apprendre de ses erreurs semble donc condamné à
disparaitre au profit de l'homo novus avec qui cohabitation et
communication est impossible comme on le découvrira au fur et à
mesure du livre.
Du côté des bonnes nouvelles, le
lecteur de Metro 2033 n'est pas orphelin dans la mesure où Metro
2034 (original oui!) a été publié en France en 2011. D'autre part,
l'univers a fait des émules puisque 32 fictions ont été publié
par plusieurs auteurs, deux recueils de nouvelles ont vu le jour et
Britannia 2033 écrit part Grant McMaster est désormais disponible.
Enfin, les droits pour une adaptation cinématographique ont été
acquis par les studios MGM, affaire à suivre donc!
Pour aller plus loin:
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