vendredi 6 décembre 2013

Morgan Freeman est mort.


Morgan Freeman, le célèbre acteur étasunien, connu notamment pour avoir tenu le rôle principal du film Invictus en 2009, vient de décéder à l'âge respectable de 95 ans.
Cette phrase, certes ironique, n'est pas pour autant dénuée de tout fondement. De quelle image dispose Nelson Mandela parmi le grand public ? Ne souffre il pas alors même qu'il vient de décéder d'un syndrome Steve Jobs ? Le même Steve Jobs qui devient sur-médiatisé quelques temps avant sa mort et surtout au cœur de celle ci. Certes Mandela est plus connu que le susmentionné. Généralement, on le désigne comme le premier président noir de la nouvelle nation arc-en ciel ,prisonnier durant 27 ans des geôles du régime afrikaners de l'apartheid. Mais c'est sans doute là un portrait réducteur du personnage, tout comme on en a fait un de Guevara réduit à l'image de guérillero romantique voire même par les jeunes générations comme un chanteur de rock...

D'autre part, il serait bien peu aisé d'appliquer l'adage de l'ancien régime,Le roi est mort, vive le roi à la situation Sud-africaine. Si l'on conviendra sans aucune objection des qualités humaines de Mandela, ses successeurs sont loin de faire l'unanimité. Thabo Mbeki et Jacob Zuma, respectivement second et quatrième président de la république d'Afrique du Sud, furent tous les deux critiqués pour leur position politique vis à vis du virus du Sida et plus largement pour des affaires de corruption. On touche d'ailleurs ici du doigt un des nombreux problèmes qui gangrènent aujourd'hui l'Afrique du Sud.



Avant de les étudier de plus près, il convient de s'intéresser à la Nation arc-en ciel chère à Desmond Tutu.
L’Afrique du Sud reste aujourd'hui une terre de contradiction. Contradiction sur un plan économique avec l'émergence d'un pays qui s'affirme sur le marché international notamment grâce aux mines de diamants, de minerais divers et aux ports, relais de la navigation maritime mondiale. Toutefois d'un autre côté, l'Afrique du Sud fait face à plusieurs fléaux, un taux de chômage d'environ 30% , la pandémie du Sida dont la prévalence atteint 11 % de la population, une criminalité galopante ( en 2005,19 000 personnes furent assassinés, 55 000 violées et 120 000 vols furent commis). Ce climat d'insécurité a notamment favorisé une certaine ghettoïsation aisée avec la création de quartiers entièrement sécurisés et le développement de compagnies de sécurité privées.(Il y a actuellement en AFS 420 000 agents de sécurité privées, 200 000 policiers et 60 000 membres des forces armées). La seconde des contradictions du pays réside dans l'aspect socio-économique. En effet, la société Sud-Africaine, reflet théorique de la Nation arc-en ciel, se révèle fortement cloisonnée et 46 % des Sud-Africains avouent ne pas avoir de rapports sociaux avec des personnes de races différentes. De fait, les unions entre Afrikaners et noirs (qu'ils soient Zoulous, Xhosas ou autres) restent très rares. Si une partie de la population noire (souvent proche de l'ANC) a pu s'enrichir et constituer une bourgeoisie moyenne non-afrikaners, la majorité restait pauvre et s'entassait dans des bidonvilles (Townships) comme celui de Soweto. Enfin, il convient d'évoquer les oubliés de la nouvelle société Sud-Africaine, à savoir les Coloured. Ce groupe ethnique (4,4 millions de personnes) regroupe de façon hétérogène l'ensemble des populations issus des unions entre Afrikaners, noirs mais aussi entre les différentes populations asiatiques. Se revendiquant aussi bien de leurs origines afrikaners que noires, ils furent considérés comme étant trop noirs sous le régime de l'apartheid et l'inverse sous celui de la nouvelle république Sud-Africaine. Ils sont particulièrement touchés par la criminalité, le dénuement et sont victimes de racisme comme nous avons pu le constater à l'occasion d'une allocution du porte-parole du gouvernement (Jimmy Mannyi qui déclara que les métis ne devaient plus se regrouper dans la région du Cap où ils étaient en surnombre, en surconcentration. Ce qui vaudra la réponse suivante de la part du ministre des Finances, Trevor Manuel :

-Je sais maintenant de qui Nelson Mandela parlait quand il disait qu’il avait lutté contre la domination blanche et contre la domination noire. Jimmy, il parlait de combattre des gens comme toi.-

En guise de complément sur le sujet et toujours en lien avec l'actualité, le film Zulu (adapté du livre éponyme de Caryl Férey), actuellement sur les écrans, montre bien le climat de violence et les différences socio-économique (ainsi que les tensions ethniques) propres à l'Afrique du Sud.

Romain.



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