Morgan
Freeman, le célèbre acteur étasunien, connu notamment pour avoir
tenu le rôle principal du film Invictus en 2009, vient de décéder
à l'âge respectable de 95 ans.
Cette
phrase, certes ironique, n'est pas pour autant dénuée de tout
fondement. De quelle image dispose Nelson Mandela parmi le grand
public ? Ne souffre il pas alors même qu'il vient de décéder
d'un syndrome Steve Jobs ?
Le même Steve Jobs qui devient sur-médiatisé quelques temps avant
sa mort et surtout au cœur de celle ci. Certes Mandela est plus
connu que le susmentionné. Généralement, on le désigne comme le
premier président noir de la nouvelle nation arc-en
ciel ,prisonnier durant 27
ans des geôles du régime afrikaners de l'apartheid. Mais c'est sans
doute là un portrait réducteur du personnage, tout comme on en a
fait un de Guevara réduit à l'image de guérillero romantique voire
même par les jeunes générations comme un chanteur de rock...
D'autre
part, il serait bien peu aisé d'appliquer l'adage de l'ancien
régime,Le roi est mort, vive le roi
à la situation Sud-africaine. Si l'on conviendra sans aucune
objection des qualités humaines de Mandela, ses successeurs sont
loin de faire l'unanimité. Thabo Mbeki et Jacob Zuma, respectivement
second et quatrième président de la république d'Afrique du Sud,
furent tous les deux critiqués pour leur position politique vis à
vis du virus du Sida et plus largement pour des affaires de
corruption. On touche d'ailleurs ici du doigt un des nombreux
problèmes qui gangrènent aujourd'hui l'Afrique du Sud.
Avant
de les étudier de plus près, il convient de s'intéresser à la
Nation arc-en ciel
chère à Desmond Tutu.
L’Afrique
du Sud reste aujourd'hui une terre de contradiction. Contradiction
sur un plan économique avec l'émergence d'un pays qui s'affirme sur
le marché international notamment grâce aux mines de diamants, de
minerais divers et aux ports, relais de la navigation maritime
mondiale. Toutefois d'un autre côté, l'Afrique du Sud fait face à
plusieurs fléaux, un taux de chômage d'environ 30% , la
pandémie du Sida dont la prévalence atteint 11 % de la population,
une criminalité galopante ( en 2005,19 000 personnes furent
assassinés, 55 000 violées et 120 000 vols furent commis). Ce
climat d'insécurité a notamment favorisé une certaine
ghettoïsation aisée avec la création de quartiers entièrement
sécurisés et le développement de compagnies de sécurité
privées.(Il y a actuellement en AFS 420 000 agents de sécurité
privées, 200 000 policiers et 60 000 membres des forces armées). La
seconde des contradictions du pays réside dans l'aspect
socio-économique. En effet, la société Sud-Africaine, reflet
théorique de la Nation arc-en ciel,
se révèle fortement cloisonnée et 46 % des Sud-Africains avouent
ne pas avoir de rapports sociaux avec des personnes de races
différentes. De fait, les unions entre Afrikaners et noirs (qu'ils
soient Zoulous, Xhosas ou autres) restent très rares. Si une partie
de la population noire (souvent proche de l'ANC) a pu s'enrichir et
constituer une bourgeoisie moyenne non-afrikaners, la majorité
restait pauvre et s'entassait dans des bidonvilles (Townships)
comme celui de Soweto. Enfin, il convient d'évoquer les oubliés de
la nouvelle société Sud-Africaine, à savoir les Coloured.
Ce groupe ethnique (4,4 millions de personnes) regroupe de façon
hétérogène l'ensemble des populations issus des unions entre
Afrikaners, noirs mais aussi entre les différentes populations
asiatiques. Se revendiquant aussi bien de leurs origines afrikaners
que noires, ils furent considérés comme étant trop noirs
sous le régime de l'apartheid et l'inverse sous celui de la nouvelle
république Sud-Africaine. Ils sont particulièrement touchés par la
criminalité, le dénuement et sont victimes de racisme comme nous
avons pu le constater à l'occasion d'une allocution du porte-parole
du gouvernement (Jimmy Mannyi qui déclara que les métis ne devaient
plus se regrouper dans la région du Cap où ils étaient en
surnombre, en
surconcentration. Ce
qui vaudra la réponse suivante de la part du ministre des Finances,
Trevor Manuel :
-Je
sais maintenant de qui Nelson Mandela parlait quand il disait qu’il
avait lutté contre la domination blanche et contre la domination
noire. Jimmy, il parlait de combattre des gens comme toi.-
En
guise de complément sur le sujet et toujours en lien avec
l'actualité, le film Zulu (adapté
du livre éponyme de Caryl Férey), actuellement sur les écrans,
montre bien le climat de violence et les différences
socio-économique (ainsi que les tensions ethniques)
propres à l'Afrique du Sud.
Romain.
Romain.
Pour aller plus loin:
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